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Le petit journal de Saint-Félix
4 juillet 2008

400ème vue du canadan : un peu d'histoire

La persévérance de Champlain

Le 3 juillet 1608, une barque lourdement chargée se laisse échouer sur la grève au pied d’un cap impressionnant, sur la pointe d’un lieu que les indigènes du fleuve Saint-Laurent fréquentent pour la pêche et qu’ils appellent Québec.

L’embarcation arrive de Tadoussac. Elle transporte une vingtaine d’hommes, des ouvriers spécialisés pour la plupart. Ils sont commandés par un dénommé Samuel de Champlain, qui se présente comme capitaine «en la marine du Roy» et lieutenant pour la Nouvelle-France de Pierre Dugua, sieur de Mons.
Champlain a reçu la mission d’établir un poste de traite avancé sur le Saint-Laurent. Il faut construire en priorité une habitation pour loger les premiers compagnons. Elle servira aussi de comptoir.

L’explorateur était venu reconnaître les lieux dès 1603. Il avait été favorablement impressionné. Il avait noté que cet endroit possédait des attraits naturels indéniables pour y installer non seulement un poste de traite, mais aussi une éventuelle ville. On y trouvait des fortifications naturelles, un carrefour de plusieurs rivières et des terres déjà cultivables sur l’île d’Orléans voisine.

Le choix de Québec s’imposait après l’échec de l’établissement à Sainte-Croix, sur les côtes de l’Acadie, quatre ans plus tôt.

Lors de son voyage de 1603, Champlain a décrit avec enthousiasme ce qu’il a vu. Il a publié cette description dans ses récits de voyage. Le nom de Québec apparaît pour la première fois : «Québec est un détroit de la rivière de Canada (le Saint-Laurent) qui a quelque trois cents pas de large...»

L’explorateur ajoute : «Du côté nord de ce détroit, il y a une montagne assez haute qui va en abaissant des deux côtés; tout le reste du pays est uni et beau, où il y a de bonnes terres pleines d’arbres... qui, si elles étaient cultivées, seraient bonnes comme les nôtres en France.»

Cette ville n’aurait jamais dû voir le jour tant les obstacles seront nombreux sous les pas du fondateur. Québec est née dans l’adversité la plus totale. Les ennemis venaient autant de l’extérieur que de l’intérieur.

À la cour du roi Henri IV, les gens qui s’intéressaient à la Nouvelle-France ne pensaient qu’à s’enrichir. Ils ne voyaient que la traite des fourrures. En remontant le Saint-Laurent, ils cherchaient une nouvelle route des épices vers la Chine et l’Inde. La fondation d’une ville et la survie d’une colonie française dans le Nouveau Monde étaient le dernier de leurs soucis.

En route vers Québec, en 1608, la belle aventure aurait pu s’arrêter définitivement à Tadoussac. Les pêcheurs basques sont solidement installés dans le Saint-Laurent depuis plusieurs années. Ils font la loi à l’embouchure du Saguenay.

Le capitaine Pont-Gravé fait partie de l’expédition de Champlain. Le navire qu’il commande est arrivé à Tadoussac quelques jours avant celui du fondateur. Il a voulu tenir tête aux Basques. Blessé, il est retenu prisonnier.

Après une négociation serrée avec le chef des Basques, Champlain réussit à calmer les esprits. Il fait soigner et libérer son compagnon. Les pêcheurs rebelles à la France acceptent même qu’il laisse ses deux navires en sécurité dans la rade de Tadoussac.

L’alerte a été chaude. Le fondateur peut continuer son voyage en barque à voile vers son but : Québec.

Complot


Dès l’arrivée, Champlain met ses hommes au travail pour construire l’habitation. On peut raisonnablement penser que les problèmes sont derrière lui. Pas du tout. Il doit encore affronter le plus grand des dangers : un complot pour l’assassiner.

Un mauvais sujet s’est glissé parmi ses ouvriers. Il s’appelle Jean Duval. Il est serrurier de son métier. Les Basques de Tadoussac lui ont offert un pont d’or pour leur livrer Champlain mort ou vif.

Duval a réussi à entraîner dans son complot quatre compagnons, dont un certain Antoine Natel. C’est ce dernier qui, pris de remords, dénoncera ses complices. Duval est pendu haut et court devant toute la jeune colonie. Ce sera la première exécution capitale au Canada.

Tous les historiens sérieux sont unanimes pour dire que, sans la ténacité de Samuel de Champlain, la ville de Québec ne célébrerait pas aujourd’hui son 400e anniversaire d’existence.

Avant tout le monde, ce visionnaire a cru à la possibilité de fonder une ville dans la vallée du Saint-Laurent. Et il a fait ce qu’il fallait pour réaliser son projet. De son vivant, le même homme a fait le rêve de voir cette ville devenir la capitale d’un pays et le point de départ d’un empire français en Amérique. On connaît la suite.


Louis-Guy Lemieux

Le Soleil

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